Jean-Luc MEYSSONNIER ne s’est pas toujours tenu à la manière blanche. C’est l’étude des surfaces qui l’y a conduit et celle de la neige sur laquelle s’inscrivent les branches, une touffe d’herbe, un fétu. Du coup apparaissent d’étranges idéogrammes de la nature.
Au fil de cette recherche, Jean-Luc MEYSSONNIER a soudainement découvert les pierres de l’Ardèche, ces dalles accumulées au bord de la rivière qui établissent une géométrie de fissures tout à fait énigmatique. Il a su en capter à la fois la rigueur et la fantaisie, en la traitant avec une économie de moyens exemplaire. Chacune de ses images est le résultat d’un choix qui révèle la multiplication des formes et, j’insiste, leur écriture. Il excelle aussi à en célébrer l’équilibre cosmique, cet entassement tabulaire qui rend l’eau proche plus fluide encore, mais qu’il évite pour s’en tenir au pétrifié. C’est de lithographie qu’il s’agit avec la volonté de ne jamais céder au pittoresque, mais d’aller à l’épure, au trait, à la sécante, à ce mystérieux carré de l’hypoténuse qu’il faut toujours démontrer.
La photographie est chez Jean-Luc MEYSSONNIER plus le blanc que le noir, et une détermination d’effacer l’ombre. Cet acharnement à transcrire l’essentiel caractérise sa démarche exigeante et austère. Ce qu’il faut bien appeler la précision d’expression.
Charles-Henri FAVROD
Là où d’autres se constituent par l’écriture, Meyssonnier choisit l’image photographique. Pris de passion pour ce médium, il développe très vite un travail personnel. On pressent une enfance marquée par une sensibilité introvertie qui n’a cessé d’amortir la vision directe des choses de la vie et qui lui permit de développer cette personnalité « empreinte » de réel et de rêve. De 1980 à 1985, il assiste le sculpteur et photographe Michel Sima installé en Ardèche. Une rencontre déterminante qui va l’accompagner dans sa carrière. Meyssonnier aura le privilège de devenir le tireur attitré de son fonds photographique.
Procédant toujours par séries et usant du noir et blanc, son œuvre photographique cristallise un travail graphique – fleurs et paysages, natures mortes, recherche de compositions abstraites, sujets intimes, visages – qui parfois, à travers la saturation de l’image, cache tant de choses et en expose tant d’autres. Son inventaire se nourrit également de quelques éléments simples d’un paysage toujours repris : la montagne, la neige, la pierre, les arbres, l’eau. De son travail sur le minéral et le végétal, la question n’est pas celle de la beauté d’un paysage. Il s’oriente vers un contenu qui concerne la vision, ses vérités, ses illusions, ses prodiges. Son œil absorbe ce que l’on tait, failles, ruptures, oublis, blancs… zones inattendues. Il reconnaît en eux certains secrets pressentis qui murmurent le langage du désir, l’étrangeté, les empreintes du corps ou un univers peuplé d’âmes vagabondes là où les lumières et les ombres basculent ensemble.
Depuis une vingtaine d’années, son travail a fait l’objet d’expositions personnelles, présenté à Paris, Lyon, Bourges et en Suisse. Il participe également à de nombreuses expositions collectives : Lausanne, Bienne (Suisse), Annecy, Lyon, Royan, Le Mans. Parallèlement Meyssonnier a été invité à collaborer aux ouvrages d’art et catalogues de plusieurs artistes (François Burland, Jules Desbois, Gérard Lattier, et très récemment Michel Sima).
Hélène RIBOT