MAGIE NOIRE – SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ 2008

Avec « Songe d’une nuit d’été », Jean-Luc Meyssonnier compose une série où le réel et l’imaginaire échangent leurs propriétés, et où le jour et la nuit se superposent. Il laisse entrer le passé, en explore subtilement ses contours et l’entremêle au présent : Ruines informes, silhouettes mystérieuses faites de limons épais, terres d’ardoises aux reflets d’acier, lettres capitales gravées aux creux des roches … tout se relie … comme des escales qui appartiendraient au même voyage. Lieux de silence, lieux de vibration(s), ses photographies parlent de la disparition et des fragments de la mémoire, de l’absence et l’emprise vertigineuse du souvenir, de l’effacement… où se déposent angoisses et tourments.
Pour mieux les cerner, Jean-Luc Meyssonnier choisit le cheminement de la lumière à travers l’inversion du négatif et du positif, comme une route de poussière blanche à la rencontre des ombres portées. Par ce procédé qui exerce une tension particulière, on pourrait penser à un no man’s land intemporel, à la mélancolie noire d’un autre monde, celui qui évoque le matériau insaisissable du souvenir et la clameur sourde de nos fantômes, celui qui renforce la sensation d’exil et d’exilé de « ceux qui restent ». Mais la trace profondément humaine jaillie de la plongée lumineuse dit aussi et surtout la promesse de ce qui va venir au jour, ce nouveau matin « trempé de vie ». Cette traversée dans cette nuit d’été-là – que connaît trop bien Meyssonnier – parle des nouveaux commencements, du Demain … intimement relié à tout ce qui vient derrière nous. Des mouvements de la vie.

Héléna Kovacs